LE DOUBLE ASSASSINAT D’AURÉLIA VARLET (PREMIÈRE PARTIE)

AURÉLIA VARLET

AURÉLIA VARLET

Nous venons de recevoir un commentaire de la part de Patrick Varlet, le papa d’Aurélia Varlet qui avait été assassinée le 14 août 2013 par son ex-compagnon. Il est lisible à la page de notre article consacré à notre passage sur L’Heure du crime de Jacques Pradel. L’histoire claque comme deux coups de fusils (ceux que la malheureuse victime a reçus de son assassin) et comme deux  corruptions majeures (celle qui englobe les relations troubles entre l’assassin et des membres de police et gendarmerie, ainsi que celles qui amènent les enquêtes internes des inspections générales à se terminer en queue de poisson).

D’où mon titre posant un double assassinat, à compléter par une double corruption.

DES COÏNCIDENCES

Comment cette affaire sordide ne pourrait-elle pas nous émouvoir profondément, en tant que victimes collatérales ? Remarquons les coïncidences.

Coïncidences  des dates des assassinats : Aurélia le 14 août 2013, Christophe le 20.

Coïncidences des préparations : pour Aurélia, des signes prémonitoires que la police locale refuse d’entendre ; pour Christophe, des comportements agressifs, mais aussi des conseils, qu’il refuse d’entendre par peur de perdre Christina. Les deux sont bâillonnés par des peurs ou des rejets.

Coïncidences des parcours. Pour Aurélia, des enquêtes internes qui s’évaporent malgré un premier épisode où la vérité aurait pu apparaître. Pour Christophe, une enquête de police qui doit être réactivée, suivie par les épisodes judiciaires menant au « kidnapping légalisé » de Christina, qui n’est que la variante sibérienne de l’assassinat de Saint-Pétersbourg.

Coïncidences persistantes : plus de six ans de combat de part et d’autre passés à remuer ciel et terre pour la dignité, la justice.

Mais discordance dont on ne sait si elle est plus proche de la vie que de la mort : pour Aurélia, une vie sans filiation, pour Christophe, une fille soumise à un lavage de cerveau organisé par une bande de dégénérés rapaces, aidés par une corruption locale infecte.

Coïncidences finales : Aurélia et Christophe ont été doublement assassinés, dans leurs corps et dans leurs mémoires.  

 PARLONS DE CORRUPTION ET N’AYONS PAS PEUR

On veut croire et nous faire croire que la corruption est une affaire de gangsters, de bandes complotistes, de trafic d’influence, d’appât du gain, de menaces et autres extorsions. Ce n’est pas faux, mais cela sert surtout à chercher des faits, des preuves qui correspondent aux critères rigides du code pénal.

On veut aussi nous faire croire que la corruption n’existe pas en France. Dans notre cas, tout s’explique, nous dit-on : « C’est la Russie ! » Cocorico et autres fadaises !

Car tout cela n’est que le sommet émergé de l’iceberg, celui qui sert à faire des films, à mitonner des histoires si farfelues qu’on les pense irréelles, et pour une de ce calibre, combien plus prosaïques, plus quotidiennes, plus proches du « service rendu » et « récompensé ».

La corruption, comme son sens premier l’indique, commence par la rouille, et dans les cas qui nous touchent, par la rouille des esprits. Bien sûr, ce n’est pas la définition légale, mais c’est la définition vitale. Je ne parle pas de corruption corporelle – celle à laquelle Aurélia et Christophe  ont échappé du fait de leur assassinat précoce – mais de celle de l’esprit, des peurs, des petites magouilles, des paresses, des pertes progressives du sens du devoir, de l’obéissance servile aux ordres venus « d’en haut », du copinage devenu népotisme et finalement du mensonge organisé, rationalisé, justifié par une nécessité inventée, ou par l’appel à un autre devoir qu’on peint en grands mots qui ne veulent plus rien dire. La corruption est avérée quand ceux qui devraient entendre les victimes se muent en sourds professionnels.

La corruption, c’est cela ! La corruption, du plus bas au plus haut niveau, touche le privé comme le public, et dans ce dernier cas, elle vit de tout fonctionnaire qui se cache derrière ses dossiers, au point qu’on préfèrerait encore ceux qui faisaient des cocottes en papier.

La corruption majeure, c’est celle qui blesse, ruine et tue l’armature d’un État, c’est-à-dire son service public, surtout dans ses trois grands domaines : l’exécutif, le législatif et le juridictionnel. Mais c’est aussi la désinvolture méprisante avec laquelle certains se prétendent assez haut pour nous gouverner, sans nous entendre. Alors, cela devient la raison pour laquelle les citoyens ulcérés finissent, par leur faute, à vouloir les piétiner.   

                                                                                            (À suivre…)