SÉRIE DE TESTS EN SIBÉRIE

 

TRANSSIBÉRIEN

TRANSSIBÉRIEN

PSYCHOLOGIE SUR LA CORDE RAIDE

Nous revenons de Sibérie, plus exactement de Khabarovsk, la dernière station d’importance sur le Transsibérien avant Vladivostok. Comptez 7 jours en version train express depuis Moscou. En avion, seulement 7 heures.

Pourquoi ces tests ? Parce que le seul test passé par Christina n’était qu’un torchon fabriqué à la demande par une psychologue de pacotille. Et pourtant il avait été utilisé par la partie adverse lors de l’appel qui redonnait des droits maternels à l’assassin du père de la petite. Toute personne honnête et habituée à ce type de rapport comprendra sans équivoque la corruption qui a entaché ce jugement… si le terme jugement s’applique encore à cette mauvaise littérature.

Actuellement, nous demandons une fois de plus, lors d’un nouveau procès, le droit de rendre visite à Christina. Nos avocats avaient plaidé que de nouveaux tests soient passés, incluant Christina, sa grand-mère biologique, la femme de Victor le dépeceur, et nous-mêmes. Pour nous, cela a duré trois grands jours.

Le premier jour a été marqué par une discussion plutôt raide. En effet, les deux psychologues, Valéria et Dimitri, nous annoncent la couleur : deux questions sont posées par le juge. Je retrouve la même formulation biaisée, induisant une réponse négative pour nous. Puis nous apprenons qu’ils ne reviendront pas sur l’histoire passée.

Autrement dit, ils se contentent d’une photo alors qu’il s’agit d’un long film tragique. Autant prétendre raconter Le Petit Chaperon rouge à partir d’une image d’un pot de confiture.

Nous sommes sur le point de quitter la séance. Mais la politique de la chaise vide nécessite une mise au point préalable. J’attaque sur des critères serrés de psycho-pathologie, argumentés sur les faits prouvés par le jugement pénal du 2016, qui a envoyé l’assassin en prison et laissé le père dépeceur libre, et sanctuarisé Faïna, pourtant parjure et calomniatrice.

Notre couple de psychologues comprend qu’il leur faut lâcher du lest. Ils affirment qu’ils sauront démêler les points fondamentaux de l’affaire.

Évidemment, cela peut n’être qu’une de ces promesses en l’air qui n’engagent que ceux qui les croient. Néanmoins, l’atmosphère se détend. Jouons le jeu. Sans cela le retour aurait été immédiat.

Donc, nous commençons les tests. Tout sera enregistré (son et image). Nous en profitons pour discuter plus souplement. Ces deux-là sont bons. Pour la pratique, nous pouvons leur faire confiance. Après, si par hasard quelqu’un leur propose « un contrat qui ne se refuse pas… »

Je passe sur la quantité de dessins, de choix de couleurs, d’organigrammes familiaux, de tests à questions variées. C’est la technique de base.

À un moment, Valéria, la psychologue qui était partie dans une autre pièce travailler avec Christina, revient avec elle. Christina ne parle pas ; démarche hésitante, empruntée, tête baissée  regard fixé au sol, menée par la psychologue comme une aveugle. Nous comprenons très bien qu’elle a été « préparée » par le clan Sysoev. Nous restons à nos places pour ne pas la brusquer, lançons une simple petite formule d’accueil, et bien vite un « Paca » (пока), sorte d’« au-revoir, à bientôt » familier qui met fin à cette tension.

La journée de travail continue.

CHRISTINA, ENFIN !

Le lendemain, nous devons travailler avec Christina. Évidemment, les enjeux sont plus que hauts. N’oublions pas qu’elle a dû avoir une nouvelle séance de lavage de cerveau, la veille, soit directement par Faïna, soit par la psychologue qui leur est « attachée », on devine par quels fils.

Manifestement, Valéria a pu établir avec elle une sorte de « contrat de travail ». On ne peut dire que Christina vient vers nous, mais au moins, elle accepte de rester dans la même pièce, elle se met à son propre test (le classique dessin d’un arbre), tandis que nous poursuivons les nôtres. Tout devrait bien se passer, sauf que…

L’IRRUPTION

La porte s’ouvre, entre Faïna, en furie. Elle se précipite sur Christina et veut la faire partir, elle s’accroche à elle pour la tirer. La petite est désespérée, mais reste assise. Nous restons calmes, mais cette irruption témoigne de toute une longue maltraitance. Elle veut que son avocat intervienne. Sous quel prétexte ?

Là, Valéria intervient. Je ne comprends pas tout ce qu’elle dit, mais elle réussit à la mener dehors, à l’étage inférieur. Elle doit lui expliquer que tout est enregistré, et que cela devrait faire mauvais effet devant le juge. Nous apprendrons qu’il y a eu un esclandre de plus, certainement augmenté par les vitupérations habituelles de son avocat. Ambiance habituelle du clan Sysoev. Et, soyons généreux, n’excluons personne ! Oublions momentanément cette rage, ces mensonges, et cette maltraitance subie par Christina, ce que nous ne pourrons jamais pardonner. Comprendre, oui, en toute rigueur, en toute logique, avec des faits indubitables. Pardonner, non ! L’assassinat psychologique d’un enfant est hors de tout pardon. Mais sur un plan pratique, rien n’empêcherait une discussion, une vraie.

CHRISTINA ET NOUS

Enfin, nous allons travailler avec celle qui, seule, compte pour nous : Christina.

La première séance est celle du bac à sable qui sert à créer le décor d’une histoire que nous ferons évoluer ensemble à l’aide de figurines ou objets divers (il y en a 2 à 300). Chacun choisit ceux qui matérialisent un point de l’histoire.

Ce « jeu » d’apparence enfantine a été créé par Jung, mon psychiatre d’élection, qui, ici et ailleurs, a mis en pratique la fameuse formule : « les mains parlent ». Ici les mains, racontent à la place de la parole défaillante. Alors, grâce à Jung, et aussi à nos sentiments profonds, nos mains et nos histoires se rejoignent. Christina dessine une montagne de sable, elle l’isole par une rivière. Au milieu elle pose un trésor, sorte de pyramide emplie de boules multicolores. Nous ajoutons une petite fille. Nos équipes se montent : un cheval, un chien, deux cygnes choisis par Christina, deux cœurs pour l’amour qui donne la force. Christina dessine le pont, puisque nous devons ramener le fameux trésor.

Alors, je joue le tout pour le tout. Me doutant que nous ne pourrons plus revoir Christina après l’esclandre préalable, je rajoute la sorcière que je nomme immédiatement : Baba-Yaga, la célèbre figure ambivalente des contes russes, plus souvent maléfique que bénéfique. Bien sûr, Baba Yaga veut nous empêcher de partir, mais Christina trouve qu’elle est gentille. Cependant, elle oublie vite son appréciation télécommandée, et participe avec nous et les cygnes au « nettoyage » de la méchanceté de Baba Yaga, grâce à leurs ailes rincées dans l’eau de la rivière. Ainsi, nous serons tous contents et pourrons partir avec le trésor, utilisant le balai que Baba Yaga, interrogée par Barbara, nous laisse comme moyen de transport, alors qu’elle reste sur la berge.

Après, nous ferons ensemble la synthèse de nos rôles. Le trésor, nous explique Christina, c’est « celui donné par la nature ». Comme nous sommes loin de l’argent sordide ! Comme cette enfant est riche, au meilleur sens du terme ! Et Christina, peu à peu, se rapproche, parle, accepte des bisous, et y répond. Dire que nous repartons joyeux serait exagéré, mais soulagés, confiants en Christina. Pour le reste, n’oublions pas la corruption.

Oui, Faïna, cette enfant sait, cette enfant comprend, elle a un cœur, même pour vous, mais elle n’est pas dupe. Elle est humaine, et vous êtes emportée par tant de haine, de mensonges et de cupidité que vous ne pouvez pas prétendre l’aimer. Alors, reprenez figure humaine. Laissez-nous Christina, car nous l’aimons sans autre raison que de vouloir lui redonner l’espoir en la vie. Elle y gagnera une chance de bonheur, et vous n’y perdrez rien, bien au contraire.

CHRISTINA, ENFANT PLACÉE… EN SIBÉRIE

LE BAGNE DES FOYERS DE L’ASSISTANCE SOCIALE À L’ENFANCE

M6 a diffusé dans « Zone interdite », un documentaire sur les enfants placés dans les foyers d’aide sociale à l’enfance en France. Et c’est bien. Une diffusion a eu lieu à l’Assemblée nationale et c’est très bien… parce qu’il y a tellement de choses catastrophiques derrière tout cela, et tout d’abord la situation de ces pauvres enfants soumis à tant de violences, ou auteurs de tant d’autres. Alors, rien d’étonnant à ce que ces images, ces relations nous prennent aux tripes, nous émeuvent, nous révulsent. Et, cela aussi, c’est bien. Car il est normal que les mêmes sentiments qui nous touchent lors de la naissance d’un enfant, c’est-à-dire lors de l’apparition d’une vie où se projettent tant d’espoirs, ces mêmes sentiments se transforment en hurlements intérieurs quand le résultat nous est projeté si violemment.

Et maintenant ? Et alors ? Si notre réponse est de faire connaître nos sentiments, alors, prenons-là comme ce qu’elle est : un gentil regard d’autosatisfaction sur notre bon cœur… en attendant de passer au prochain documentaire. Si notre réponse est d’entendre les bons sentiments des princes et nobles bureaucrates qui nous gouvernent, et d’y croire, alors, soyons contents de danser au bal des cocus.

La bonne réponse est d’agir, malgré — et contre s’il le faut — les fameux princes et nobles bureaucrates. Vous pourrez lire dans tous les articles qui traitent de ces sujets comment une précédente émission de FR3 de 2019 avait suscité la nomination d’un secrétaire d’État à la protection de l’enfance. Le résultat ? Lisez-le où vous voulez, et tirez-en vos propres conclusions. Les miennes sont nettes. En restant poli : poudre aux yeux et prébendes. Ajoutons pour rester dans la réalité, probablement une poignée d’aimables velléitaires.

Ce qui nous choque profondément, outre cette inaction indigne dont les responsabilités doivent être imputées à bien des crocodiles du marigot, c’est que les preuves existent. Deux faits précisés par Jean-Charles Doria, le journaliste responsable (en attendant d’être coupable) de l’enquête :

  • 250 euros par jour et par enfant pour cette foire administrativo-judiciaire
  • Une vérification des foyers tous les 28 ans en moyenne

Jean-Charles Doria n’a pas inventé ces chiffres. S’il les cite, c’est qu’ils existent, qu’ils proviennent des administratifs, donc qu’ils sont connus. Ils parlent ces chiffres ! Enfin, ils parleraient s’il n’y avait par-dessus une omerta digne des meilleures mafias. Oui, cela se passe en France, « pays dont le monde entier envie le système social. » J’avoue ne plus me rappeler le nom de l’olibrius qui a osé déclarer cela dans un quelconque discours.

LE BAGNE DE CHRISTINA DÉPORTÉE AU « FOYER » DE SIBÉRIE

Alors, nous aussi pouvons et devons parler, au nom de Christina, placée dans un clan tenu par la grand-mère, titularisée tutrice par un kidnapping légal, psychologiquement violentée par cette folle de haine, vivant avec le grand-père démembreur de son père, promise au même sort que son père si par malheur elle héritait de l’héritage auquel elle a droit avant de s’échapper de cet enfer. Car, ne l’oublions pas, si « un malheur » lui arrivait, c’est le clan des assassins qui hériterait.

Il paraît que nous ne devons pas nous faire justice nous-mêmes, et c’est bien, car c’est à l’État de prendre cela en compte. Mais encore faut-il qu’il y ait un véritable homme d’État à la tête, et non un banal homme politique interchangeable.

Monsieur Macron, cette histoire d’enfants maltraités dont Christina est un cas particulier bien démonstratif, est la dernière occasion que vous ayez de prouver que vous pouvez devenir un homme d’État.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT
ÉCONOMISEZ VOS DISCOURS !
INTERVENEZ ! AGISSEZ !

POUR CHRISTINA
ET POUR LES AUTRES

SUR L’APPEL À UN PRÉSIDENT (TROISIÈME PARTIE)

COUP D’ŒIL RAPIDE SUR LA CONSTITUTION FRANÇAISE

Dans mon article précédent, j’annonçais la Constitution de 1958, qui en est à sa 25e mouture. Son article 17 prévoit que : «  Le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel. ». Auparavant il pouvait y avoir des grâces collectives.

Cela signifie que le président de la République, qui est aussi le chef des armées voit sa puissance exécutive jointe à la puissance juridictionnelle dans ce cas. Un cas parmi tant d’autres de non-séparation des pouvoirs à retrouver tout au long de la Constitution.

Tout récemment, nous lisons dans bien des journaux que Mme Belloubet, ministre de la Justice, (donc responsable de la puissance juridictionnelle), s’oppose au ministère des Affaires étrangères (partie intégrante forte de la puissance exécutive) concernant le lieu de jugement des djihadistes. Ici encore, la séparation des pouvoirs en prend un coup dans l’aile.

Sans prétendre à donner un cours de droit, j’expose en tant que citoyen intéressé, soumis à une formule lapidaire par une attachée à la puissance exécutive, que la fameuse et « sacro-sainte » séparation des pouvoirs est un vase à remplissage variable selon les circonstances.

ALORS, CHRISTINA ?

Tout bien compris, ces préparations ne mènent qu’à un point : Le président de la République, muni de sa puissance exécutive, et de son pouvoir de grâce a le droit de demander la grâce d’une petite fille française condamnée à subir une violence psychologique extrême par le tribunal corrompu d’une nation étrangère.

En vertu de quel obstacle un président de la République qui par ailleurs est chef constitutionnel des armées et responsable du feu atomique ne pourrait pas s’investir dans une action d’humanité qui passerait par ce simple « petit cadeau politique » : le retour à la justice pour sauver une petite fille française d’un clan construit sur le crime ?

C’est ce que nous allons demander sans relâche.

LE DOUBLE ASSASSINAT D’AURÉLIA VARLET (DEUXIÈME PARTIE)

Dans l’article répondant à la lettre de Mme Demassieux, chef de cabinet au ministère des Affaires étrangères, j’ai développé assez correctement (et aussi brièvement que possible) les éléments nécessaires à une compréhension vitale des relations entre les trois pouvoirs décrits par Montesquieu : l’exécutif, le législatif et le juridique (ou juridictionnel).

Quelques amis m’ont demandé de préciser ces points. Je reviens donc vers Montesquieu dans le chapitre VI (De la constitution d’Angleterre) du livre XI de De l’esprit des lois qui en est la base.

DES PUISSANCES SÉPARÉES PARCE QUE NON-JOINTES

J’ai bien dit que l’expression « séparation » n’était pas celle utilisée par Montesquieu qui développe le sujet des trois puissances, en utilisant l’adjectif « séparée » pour l’opposer immédiatement à « jointe » :

« Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire: car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur. »

L’utilisation par Montesquieu de sa double formulation (« séparée, et non jointe ») n’est pas une simple figure de style, mais un fort outil de langage. « Séparée » sous-entend une qualité séparative, alors que « jointe » (ou « non jointe ») ne fait référence qu’à une possibilité d’action par rapprochement variable. L’eau et le feu sont séparés par bien des critères et généralement non joints, sauf pour éteindre un incendie. Entre les deux adjectifs qui ne sont pas des synonymes, existe donc un espace d’incertitude, un grand champ de réflexion. Pour preuve, immédiatement après, Montesquieu précise :

 « Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs: celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. »

Ainsi, le premier paragraphe cité parle de puissance théorique, alors que le second évoque l’hypothèse des trois pouvoirs pris par un seul homme ou groupe. Passant de la théorie à la pratique, Montesquieu veut éviter la prise d’un État républicain par un État dictatorial (ce que nous appellerions de nos jours un « coup d’État »).

Mais il est aussi soucieux que possible d’éviter la dégradation de l’État par empiètement dommageable d’un pouvoir sur l’autre, spécifiquement de l’exécutif sur le législatif. C’est pour cela qu’il prévoit la « faculté d’empêcher » équitablement répartie entre eux (aucun des deux ne pourra prendre des décisions dégradant l’autre) ; cette « faculté d’empêcher » n’étant accompagnée d’aucune « faculté de statuer » dans le domaine qui n’est pas le sien. Autrement dit, Montesquieu prévoit des liens fonctionnels entre ces deux pouvoirs théoriquement séparés. Nous pourrions résumer ces deux facultés en deux formules : « remise en jeu, balle au centre », ou bien alors : « qui ne dit mot consent ».

Alors, parler de « séparation des pouvoirs », n’est-ce pas un raccourci utile ? Trop utile si mal employé ?

QUE DEVIENT LA PUISSANCE DE JUGER ?

Dans tout ce chapitre VI (le chapitre fondamental en ce qui concerne l’affaire Aurélia Varlet et celle de Christina), Montesquieu traite essentiellement des liens (non joints) entre les puissances exécutive et législative, au point que la puissance juridictionnelle s’efface presque sous sa plume. Est-ce un oubli de sa part ? Absolument pas. Il signale ainsi qu’il s’agit d’une puissance d’un type complètement différent, une puissance envers à laquelle un citoyen peut ne jamais avoir affaire dans toute sa vie, alors que chacun de nos jours est réglé par l’exécutif et le législatif. « Des trois puissances dont nous avons parlé, celle de juger est en quelque façon nulle. »

C’est pourquoi, Montesquieu lui prévoit quatre conditions :

– qu’elle soit non permanente «… dans certains temps de l’année, de la manière prescrite par la loi, pour former un tribunal qui ne dure qu’autant que la nécessité le requiert. »

– Qu’elle soit non spécifique : «…  La puissance de juger, si terrible parmi les hommes, n’étant attachée ni à un certain état, ni à une certaine profession, devient, pour ainsi dire, invisible et nulle. »

– Que les jugements soient fixes « … à un tel point, qu’ils ne soient jamais qu’un texte précis de la loi. S’ils étaient une opinion particulière du juge, on vivrait dans la société, sans savoir précisément les engagements que l’on y contracte. »

– Et que les juges soient « de la condition de l’accusé, ou ses pairs, pour qu’il ne puisse pas se mettre dans l’esprit qu’il soit tombé entre les mains de gens portés à lui faire violence. »

QUE DEVIENT LA VICTIME ?

Si Montesquieu, dans De l’esprit des lois est si préoccupé du coupable, et si confiant en la capacité des juges à « dire le droit », comme les citations précédentes le prouvent, il nous choque profondément par son oubli des victimes. Le mot n’y est utilisé qu’une fois, à l’occasion d’une loi de l’empereur Justinien sur le divorce par consentement mutuel (encore s’agit-il d’un argument théologique décalé).

On y trouve plus souvent la qualification d’offense ou d’offensé, avec des variations selon que l’acte incriminé offense une personne privée, une institution, ou les deux. Parmi les situations les plus remarquables, ainsi chez les « peuples barbares » :

« Ces lois s’attachèrent donc à marquer avec précision la différence des torts, des injures, des crimes, afin que chacun connût au juste jusqu’à quel point il était lésé ou offensé; qu’il sût exactement la réparation qu’il devait recevoir, et surtout qu’il n’en devait pas recevoir davantage. Dans ce point de vue, on conçoit que celui qui se vengeait après avoir reçu la satisfaction commettait un grand crime. Ce crime ne contenait pas moins une offense publique qu’une offense particulière: c’était un mépris de la loi même. C’est ce crime que les législateurs ne manquèrent pas de punir. »

Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne le régime hautement présenté par Montesquieu, nous sommes en droit de comprendre son  « oubli des victimes  » dans la justification suivante :

« Dans les républiques, les crimes privés sont plus publics, c’est-à-dire choquent plus la constitution de l’État, que les particuliers. »  

Fermez le ban ! Passez votre chemin, vilains et manants ! Soyez encore contents que la République ait trouvé un coupable ! Mais n’y revenez plus !

EN CONCLUSION

Qu’il s’agisse de Montesquieu, de tel juge contemporain, ou de telle autre personne investie du pouvoir de non-réponse, cette persévérance dans l’oubli, pour ne pas dire le mépris des victimes ou de leurs familles est intolérable.

De même cette parodie de culture grâce à laquelle quelques personnes utilisent une formule rabâchée sortie de son contexte n’est qu’un degré de plus dans le mépris.

J’ai voulu écrire ce texte un peu complexe pour que chacun, se trouvant dans une situation équivalente, ait de quoi fourbir ses arguments, afin de ne pas laisser le champ libre aux donneurs de leçons qui feraient mieux d’en recevoir.

Je poursuivrai par une mise en situation de l’actuelle constitution de 1958, afin de montrer que les pouvoirs ne sont pas si étanches qu’on veut nous le faire croire, et qu’ils peuvent prendre l’eau de la même façon que le Titanic, dont l’étanchéité et l’insubmersibilité « prouvées » avaient servi d’argument infaillible pour vendre les premiers – et derniers – billets.

Mais, pour prouver à Montesquieu que je ne lui en veux pas, je lui cède la parole, telle qu’il l’a écrite dans ses Pensées diverses :

« Il n’y a point de gens que j’aie plus méprisés que les petits beaux esprits, et les grands qui sont sans probité. »

  

                                                                    (à suivre…)

LE DOUBLE ASSASSINAT D’AURÉLIA VARLET (PREMIÈRE PARTIE)

AURÉLIA VARLET

AURÉLIA VARLET

Nous venons de recevoir un commentaire de la part de Patrick Varlet, le papa d’Aurélia Varlet qui avait été assassinée le 14 août 2013 par son ex-compagnon. Il est lisible à la page de notre article consacré à notre passage sur L’Heure du crime de Jacques Pradel. L’histoire claque comme deux coups de fusils (ceux que la malheureuse victime a reçus de son assassin) et comme deux  corruptions majeures (celle qui englobe les relations troubles entre l’assassin et des membres de police et gendarmerie, ainsi que celles qui amènent les enquêtes internes des inspections générales à se terminer en queue de poisson).

D’où mon titre posant un double assassinat, à compléter par une double corruption.

DES COÏNCIDENCES

Comment cette affaire sordide ne pourrait-elle pas nous émouvoir profondément, en tant que victimes collatérales ? Remarquons les coïncidences.

Coïncidences  des dates des assassinats : Aurélia le 14 août 2013, Christophe le 20.

Coïncidences des préparations : pour Aurélia, des signes prémonitoires que la police locale refuse d’entendre ; pour Christophe, des comportements agressifs, mais aussi des conseils, qu’il refuse d’entendre par peur de perdre Christina. Les deux sont bâillonnés par des peurs ou des rejets.

Coïncidences des parcours. Pour Aurélia, des enquêtes internes qui s’évaporent malgré un premier épisode où la vérité aurait pu apparaître. Pour Christophe, une enquête de police qui doit être réactivée, suivie par les épisodes judiciaires menant au « kidnapping légalisé » de Christina, qui n’est que la variante sibérienne de l’assassinat de Saint-Pétersbourg.

Coïncidences persistantes : plus de six ans de combat de part et d’autre passés à remuer ciel et terre pour la dignité, la justice.

Mais discordance dont on ne sait si elle est plus proche de la vie que de la mort : pour Aurélia, une vie sans filiation, pour Christophe, une fille soumise à un lavage de cerveau organisé par une bande de dégénérés rapaces, aidés par une corruption locale infecte.

Coïncidences finales : Aurélia et Christophe ont été doublement assassinés, dans leurs corps et dans leurs mémoires.  

 PARLONS DE CORRUPTION ET N’AYONS PAS PEUR

On veut croire et nous faire croire que la corruption est une affaire de gangsters, de bandes complotistes, de trafic d’influence, d’appât du gain, de menaces et autres extorsions. Ce n’est pas faux, mais cela sert surtout à chercher des faits, des preuves qui correspondent aux critères rigides du code pénal.

On veut aussi nous faire croire que la corruption n’existe pas en France. Dans notre cas, tout s’explique, nous dit-on : « C’est la Russie ! » Cocorico et autres fadaises !

Car tout cela n’est que le sommet émergé de l’iceberg, celui qui sert à faire des films, à mitonner des histoires si farfelues qu’on les pense irréelles, et pour une de ce calibre, combien plus prosaïques, plus quotidiennes, plus proches du « service rendu » et « récompensé ».

La corruption, comme son sens premier l’indique, commence par la rouille, et dans les cas qui nous touchent, par la rouille des esprits. Bien sûr, ce n’est pas la définition légale, mais c’est la définition vitale. Je ne parle pas de corruption corporelle – celle à laquelle Aurélia et Christophe  ont échappé du fait de leur assassinat précoce – mais de celle de l’esprit, des peurs, des petites magouilles, des paresses, des pertes progressives du sens du devoir, de l’obéissance servile aux ordres venus « d’en haut », du copinage devenu népotisme et finalement du mensonge organisé, rationalisé, justifié par une nécessité inventée, ou par l’appel à un autre devoir qu’on peint en grands mots qui ne veulent plus rien dire. La corruption est avérée quand ceux qui devraient entendre les victimes se muent en sourds professionnels.

La corruption, c’est cela ! La corruption, du plus bas au plus haut niveau, touche le privé comme le public, et dans ce dernier cas, elle vit de tout fonctionnaire qui se cache derrière ses dossiers, au point qu’on préfèrerait encore ceux qui faisaient des cocottes en papier.

La corruption majeure, c’est celle qui blesse, ruine et tue l’armature d’un État, c’est-à-dire son service public, surtout dans ses trois grands domaines : l’exécutif, le législatif et le juridictionnel. Mais c’est aussi la désinvolture méprisante avec laquelle certains se prétendent assez haut pour nous gouverner, sans nous entendre. Alors, cela devient la raison pour laquelle les citoyens ulcérés finissent, par leur faute, à vouloir les piétiner.   

                                                                                            (À suivre…)