LETTRE OUVERTE À DEUX DÉPUTÉS D’ILLE-ET-VILAINE ET À CEUX QUI NE LE SONT PAS

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Madame, Monsieur,

Vous avez l’honneur d’être députés de deux circonscriptions d’Ille-et-Vilaine, respectivement la 5e et de la 8e. Il y a peu, des amis de ce beau département ont eu l’audace de vous faire connaître le sort de Christina, et de demander votre support. Bien mal leur en a pris. Votre réponse, directe ou par l’intermédiaire de vos collaborateurs, précise que “l’usage est de s’adresser au député de votre circonscription”. Fort bien ! Mais ne croyez pas qu’ils aient oublié ce premier devoir de politesse. Ils avaient eu la naïveté de l’étendre à tout le département, croyant, de plus, qu’une petite communauté pourrait être plus audible qu’une voix unique.

Ces amis sont comme nous : de simples citoyens sortant de leur réserve car un sort indigne maltraite une petite fille française oubliée au fond de la Sibérie. De simples citoyens dépassés par une corruption qui blesse profondément leur âme. Alors, à qui s’adresser, pour faire passer un message au plus haut niveau ?

Nous ne mettons pas en doute l’intérêt que vous portez aux personnes qui vous élisent directement. Cela fait partie des échanges obligatoires, cela est normal.

Mais il nous semble que dans vos circonscriptions et alentour des personnes s’intéressent au sort de Christina. Il nous semble aussi qu’être député n’est pas synonyme d’emprisonnement mental ou physique dans une circonscription. Il nous semble que vous participez à des commissions d’intérêt général. Il nous semble que vous votez des lois. Il nous semble que vous vous flattez de grandes et belles formules très générales. Ces trois activités dépassent notablement le cas de vos circonscriptions, n’est-ce pas ?

Il nous semble bien que l’écharpe à laquelle vous avez droit porte les trois couleurs nationales et non pas celles retenues pour le logo du département, ni celle des armoiries de la Bretagne, toutes respectables, mais qui, dans votre représentation, doivent céder le pas aux trois premières… à moins que nous n’ayons changé de pays, de lois, de régime sans en avoir été prévenus. Rassurez-nous !

Alors, vous comprenez bien que vos réponses nous troublent profondément. De même, lorsque vous évoquez “la situation” sans même préciser “de la petite Christina”, il n’est pas besoin d’être grand psychologue pour deviner que votre corbeille s’est automatiquement enrichie d’un nouveau message, et que ce rejet mal masqué en dit long sur la valeur de vos grandes déclarations.

Mais au moins, vous avez le mérite d’être clairs. Plus clairs et plus éclairants que vos collègues, depuis celui du “perchoir” jusqu’aux plus humbles membres des commissions des affaires étrangères, des Français de l’étranger, et les députés médecins qui n’ont même pas répondu, restant dans l’obscurité.

Madame, Monsieur, il est d’usage de terminer une lettre à un député par l’expression de la considération que nous lui devons pour porter sur ses épaules la charge et l’honneur de représenter le peuple français, tout le peuple français, et même une petite fille souffrant en Sibérie. Mais le renvoi de mes amis vers “leur” circonscription nous gêne. De plus nous nous permettons cet envoi depuis une circonscription encore plus éloignée que la leur. Avons-nous commis une faute de goût ? Un crime de lèse-député ? Une catastrophique  erreur d’aiguillage ? Nous ne le pensons pas, étant encore plus naïfs que nos amis, espérant que ces quelques lignes vous ramèneront à une vue plus haute de vos possibilités représentatives.

C’est en ce sens que nous vous assurons de notre considération, dont vous comprenez bien qu’elle soit un peu vacillante, n’attendant de vous qu’une action simple pour revenir à la hauteur nécessaire.

Barbara Sion, Pierre Caggini