UN AVOCAT EN RUSSIE

Ékatérina Sologoub

 

Trouver un avocat pour une telle affaire ne serait pas aisé, même en France. En Russie, sans aide ni moyens, force était d’improviser.

Aujourd’hui encore, comment comprendre les raisons qui nous poussèrent à choisir notre avocat dans une liste de parfaits inconnus, sans photo pour nous influencer, ni présentation attirante. Seulement son profil professionnel. Oui, pourquoi, persuadés de la nature criminelle de l’affaire, choisir un spécialiste en droit de la famille ? La réponse est simple : parce que le crime, pour nous, ne faisait aucun doute. Notre seule question tenait à son ampleur et à sa gravité. Adultes, ayant à gérer un drame familial, une seule piste nous gouvernait : « l’enfant d’abord ». Nous dirigions nos pensées vers la petite Christina, espérant de tout notre cœur, qu’elle au moins pourrait échapper à une catastrophe, et qu’un avocat de la famille serait sa meilleure chance, si…

Ainsi nous prenons contact avec Me Sologoub, notre avocate, qui devait devenir notre amie Ékatérina. Notre premier courriel daté du 11 septembre 2013, résume les faits, et pose les conclusions :

« Si la pure logique oblige à étudier toutes les hypothèses, certaines paraissent peu vraisemblables :

  • la volonté de rompre toute attache familiale est exclue,
  • La volonté de disparition fonctionnelle ou physique est également inenvisageable : cela aurait été contre ses convictions, contre son attachement paternel très fort pour la petite Christina dont il s’occupait énormément (en témoignent les progrès en français étonnants de la petite, la fierté éloquente du papa l’accompagnant à l’école, la relation affectueuse envers son père),
  • Restent toutes les causes de maladie, d’accident ou d’agression par lesquelles une personne peut être privée de liberté ou de vie. […].

La question fondamentale et première est donc de savoir si M. Sion a ou non quitté le territoire russe. Cette réponse est de première urgence et dépend donc des autorités russes. »

Le 14 septembre 2013, Me Sologoub nous répond qu’il est obligatoire d’entamer une procédure après des services de police en parallèle dans les deux pays, d’origine et de résidence, faute de quoi aucune action ne serait possible [1].

Ignorant ce détail de procédure, nous n’avions pas contacté la police française, persuadés que l’affaire se développait en Russie et qu’il était urgent d’y faire porter nos efforts.

Encore et toujours, nous multiplions les appels vers les différents téléphones de la famille, avec pour seuls résultats de la musique ininterrompue, ou un message en russe incompréhensible pour nous, appels par Skype sans réponse, aucune nouvelle de Dina après le premier message que nous considérons toujours comme douteux.

Le 16 septembre nous envoyons à Me Sologoub la procuration nécessaire pour nous représenter auprès des autorités russes administratives et policières.

[1]: Encore un renseignement dont nous déplorons l’absence lors de nos échanges consulaires, et que nous portons à la connaissance d’un quelconque responsable du site actuel, si toutefois…