LA MÉMOIRE D’UN ENFANT

COMMENTER UN COMMENTAIRE : LA RÉALITÉ DES FAITS

Le commentaire d’Aude et Pascal, après le récent article intitulé “Un article au Luxembourg” nous évoque un point essentiel de l’affaire. Je le cite partiellement : “Le temps s’ajoute au temps et la petite sans doute ne sait plus rien, dans sa conscience traumatisée. Sans vérité.”

La phrase est claire, nette, précise, terriblement difficile à vivre. Alors pourquoi y revenir ? Simplement pour approfondir le sujet, et y instiller quelques gouttes d’espoir. Voyons comment !

Certes, Christina a vécu l’horreur : dépassons le mot assassinat, regardons quelques images du film. Dans l’appartement du couple, Dina frappe Christophe sur le crâne. On ne sait si la mort est immédiate (Il est possible qu’il agonise pendant deux jours, pendant que Dina essaye de lui soutirer des informations bancaires). Elle conserve le cadavre une semaine dans l’appartement (chaleur du mois d’août, odeur…). Des essais de démembrement ont lieu dans la pièce centrale (sang giclant sur les murs et au plafond, plancher inondé de sang). Puis Victor Véniaminovitch Sysoev, le père de la charmante dame, arrive de Sibérie pour terminer le travail. Père et fille mettent le corps en sac, et/ou en poubelle, le transportent en forêt, terminent le démembrement, jettent de l’essence, attendent un peu, puis laissent les bêtes sauvages terminer leur oeuvre.

Mais il y a pire. Dina a expliqué la scène à une co-détenue, Ivanina. Reprenons son témoignage inclus dans le jugement pénal de 2016 : “Sysoeva a dit que son mari était tombé d’un coup. Tout cela se passait dans l’appartement où Sysoeva demeurait. À ce moment l’enfant était dans l’appartement. Sysoeva est parti avec son enfant pour un certain temps.

Vous avez bien lu : “À ce moment l’enfant était dans l’appartement.”

QUELQUES NOTIONS SUR LA MÉMOIRE

ON S’EN MOQUE COMME DE…

Alors on peut croire que “la petite sans doute ne sait plus rien, dans sa conscience traumatisée.” Qu’elle est “sans vérité.” Heureusement, il y a ce “sans doute” qui, paradoxalement signifie “on peut penser que…”. Car sinon, la situation serait catastrophique. 

Effectivement, la majorité des souvenirs d’avant quatre ans sont inaccessibles, soit par effacement dans la mémoire profonde, soit par protection contre une irruption de souvenirs parasites. Le langage populaire le traduit à sa façon : “s’en moquer comme de sa première culotte, son premier biberon, etc.”

Mais il s’agit là de situations communes, banales, qui deviendraient intempestives si elles s’ouvraient un chemin vers le monde conscient de l’adulte. Certains cas d’hypermnésie (mémoire ancienne omniprésente) “encombrent” les processus généraux de la mémoire, au point d’empêcher de retenir des informations importantes de la vie courante. Un comble !

MAIS LES RÉSURGENCES DU PASSÉ TRAUMATIQUE POSENT D’AUTRES PROBLÈMES

Alors je dis, et j’affirme médicalement, qu’en sa mémoire profonde, Christina connaît la réalité de ce qui s’est passé, elle en souffre encore et en subit déjà les conséquences.

La mémoire profonde avec ses zones inconscientes n’est explorée que depuis un siècle et quelque. Mais on en sait déjà suffisamment. Les études sont innombrables, en neurologie, sociologie, psychologie, psychiatrie. Chacun de ces spécialistes explore la question dans son domaine et en arrive à la conclusion unique : la reviviscence des situations traumatiques anciennes est possible. Elle peut modifier profondément le comportement et mener à des conduites dangereuses.

ALORS ? CHRISTINA…

Actuellement, Christina subit une énorme souffrance qu’elle peut parfois masquer par une belle force de résilience (capacité à se protéger, à s’adapter à la situation). Encore heureux !

Il le faut bien. Elle vit avec son grand-père, l’homme qui a démembré le corps de son père, et avec la grand-mère Faïna qui haïssait Christophe, et qui fait “bénéficier” Christina de cette haine. Christina se débrouille pour survivre dans cet enfer. C’est déjà un premier point d’espoir.

Mais bientôt, à la puberté et l’adolescence, gare à l’irruption du malaise profond, des comportements douloureux, voire dangereux. C’est plus que possible, c’est même attendu.

Alors, le deuxième couple infernal du clan Sysoev tentera d’évacuer la réalité… et la petite personne qui les gêne.

Confrontée aux monstres de ce clan, les risques sont majeurs.

ALORS, IL FAUT SAUVER CHRISTINA !

 

 

Commentaire (2)

  • Pascal| 22 septembre 2019

    Merci pour cette très belle explication qui vient dénouer et clôre, avec le rayonnement de la foi mais aussi celui de la science, ce beau titre placé depuis le début “Sauvons Christina”.
    Avec votre parole, votre savoir, l’analyse articulée que vous faites de la situation montre plusieurs chose :
    * La nécessité de se battre, et de ne pas accepter les choses dans le fatalisme de la mort
    * La “crucifixion” n’est donc pas là où on peut la croire
    * Mais de la nature humaine, jamais assouvie dans sa bestialité première, le Mal, concrètement ravageur, peut se divertir dans de nouvelles zones. Alors, amis, ne baissons jamais la garde ! Même en priant !
    D’une autre espérance, notre esprit accompagne donc votre action.
    Que de leçons à la fois !

  • Annie et Renato| 22 septembre 2019

    Voilà un article intéressant et très clair. Difficile de garder une indépendance totale face à un acte traumatisant quelque soit l age .

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