ALISTAIR BAKER, IN MEMORIAM

ALISTAIR, IN MEMORIAM

ALISTAIR, IN MEMORIAM

Il y a peu nous avons eu un message de soutien d’Isabelle Baker, qui elle-même, dans l’épreuve de la perte d’un être cher, son fils Alistair, montrait une grande compréhension envers le combat que nous menons. Un article dans Le Parisien de cette semaine [1] nous fait découvrir le drame que vivent ses parents Isabelle et Jonathan.

 « Cet élève ingénieur parisien est décédé en Finlande dans des circonstances suspectes en mars 2018. La thèse d’une chute accidentelle retenue par la police est remise en question. »

Effectivement, la lecture de l’article ne manque pas de poser bien des questions. Je ne les détaillerai pas ici, mais le simple fait que le téléphone portable soit mobilisé plus de 10 heures après l’heure de sa mort devrait faire sursauter le moindre des détectives amateurs. Mais non ! La police finlandaise et le parquet de Versailles jouent aux abonnés absents. En novembre 2019, leur avocat dépose plainte contre X pour « meurtre, homicide volontaire et/ou violences ayant entraîné la mort sans intention » de la donner…

Au 20 avril 2020 toujours pas de réponse du doyen des juges d’instruction de Versailles. Si nous comprenons bien, ce doyen est confiné loin de ses dossiers… depuis bien avant l’épidémie. Un homme prudent ! De cette sorte de prudence que nous connaissons bien et qui n’est qu’un pied-de-nez aux victimes et à leurs familles.

Quid de l’assassin possible ? Mais double peine pour les parents ; non seulement ils ne peuvent faire leur deuil en sachant que justice n’a pas été faite, mais de plus ils doivent subir une enquête bâclée en Finlande et l’inertie de la bureaucratie en France.

Une grande leçon que malheureusement les parents d’Alistair subissent : « Les victimes collatérales sont structurellement les grandes oubliées de la justice ». Mais une leçon qui devrait être bannie, honnie tellement elle est indigne, déshumanisante.

Nous en parlons avec d’autant plus de conviction que je me rappelle très bien avoir dit au juge pénal russe lors de mon témoignage que la deuxième grande victime après mon frère était Christina. Double assassinat pour elle, non seulement celui de son père avec toute l’horreur qui entoure ce crime car elle était présente dans l’appartement quand sa « mère biologique » a accompli son forfait, mais assassinat psychologique qu’elle subit en ce moment même par le clan Sysoev alors que j’écris ces lignes. Victime ignorée par la justice locale, le service de tutelle de Khabarovsk, et toutes les personnes à qui nous nous sommes adressés, tellement occupées par ailleurs à battre les estrades.

Nous souhaitons à Jonathan et Isabelle beaucoup de courage dans cette épreuve. Que la justice, la « vraie » puisse voir le jour et leur permettre en paix de faire le deuil de leur fils avec le sentiment qu’ils ont accompli leur devoir. Si cet article peut vous aider en quelque façon, nous en serons satisfaits.

En union de pensées, et si vous êtes croyants, en union de prières avec vous.

Pierre et Barbara

 

[1] https://www.kiosque.leparisien.fr/data/32068/reader/reader.html?t=1587574433607#!preferred/0/package/32068/pub/40198/page/14/alb/502855

DÉCONFINER L’ESPRIT

CARCERI-DINVENZIONE-PIRANESI

CARCERI-DINVENZIONE-PIRANESI

En ces temps de confinement physique, les médias débordent de bons conseils pour occuper les enfants, et de témoignages de parents débordés par l’aide qu’ils doivent leur apporter inopinément pour leurs programmes scolaires. Tout cela est bien vrai, dépend de la surface vitale offerte à la famille, et n’est pas toujours facile. Plus qu’un confinement, c’est un chamboulement des habitudes et des relations qui atteint tous les âges, toutes les classes sociales, toutes les professions… et pose bien des interrogations, parfois mêlées de sombres pensées. Et tout cela est normal. Ce qui est profondément anormal est que notre culture rabougrie l’ait oublié. Oubliés les bombardements sur la France qui ne remontent pas plus loin que le temps de nos parents ou grands-parents, à peine une ou deux générations. Oublié qu’on nous ait « bassinés » pendant des dizaines d’années avec le risque de guerre nucléaire, sans prendre aucune mesure réellement préventive pour la population, sinon construire le bunker de Taverny pour le président et sa suite.  Oubliées les grandes épidémies de grippe, “l’espagnole” de 1919, et celle de 1970 dite « de Hong-Kong » avec ses 17 000 morts déclarés et sa surmortalité qui atteint les 40 000 en France (sans compter son million de morts dans le monde).

Arrêtons ici ces brefs souvenirs et revenons à nos familles confinées. Si nous devions nous occuper d’un enfant, nous surveillerions ses devoirs, mais sans gaspiller notre temps à prendre la place du professeur. Nous ajouterions l’éducation à l’instruction, et cela est valable pour toute personne, à tout niveau intellectuel. Nous lui parlerions de sa famille, remontant aux souvenirs de nos grands-parents, ou plus loin si possible, nous parlerions de notre enfance, de nos années d’école, de lycée, de faculté, de notre premier emploi, puis de notre vie professionnelle, de ses difficultés mais aussi de ses bonheurs (oui, nous en avons eu), de ses luttes, de ses lourdeurs (bureaucratie, je vous hais !) et de ses aides (administratifs dévoués, je vous remercie), des pierres que nous pourrions nous lancer, et des satisfecit qui nous ont peut-être été attribués. Nos petits et grands bonheurs, en peinture, en musique, en littérature, pendant nos voyages, dont elle pourrait se moquer, mais qui lui reviendraient un jour . En fait, la vie, tout simplement la vie, avec ses ombres et ses lumières, ses interrogations pour ici et au-delà quelle que soit la dimension que chacun y apporte. Nous sommes persuadés que tous les regards de la famille s’en trouveraient adoucis, et s’ouvriraient différemment au monde, enfants et nous-même inclus, même dans les Prisons imaginaires du Piranese.

Nous pouvons vous assurer qu’il y là matière à bien des chapitres. Chacun en possède autant, sinon plus. Chacun le doit à ses enfants, sans oublier que le temps nous est mesuré, et peut-être suspendu inopinément en cette période.

Voilà ce que nous dirions si nous avions une enfant avec nous, et si elle s’appelait Christina.