UNE MATINÉE À MOSCOU : NOTRE AMBASSADEUR

Nous avons rencontré à Moscou Monsieur l’Ambassadeur Pierre Lévy qui succède à Mme Sylvie Bermann. Il était accompagné des membres des différents bureaux qui suivent l’affaire de Christina.

Monsieur Lévy nous a accordé bien plus d’une heure d’entretien, ce qui, pour un ambassadeur entré récemment en fonction est un gage d’écoute et de respect pour la vie de Christina.

Certes, Monsieur Lévy connaissait déjà les bases de l’affaire, mais une rencontre physique, au moins au début, permet toujours une approche plus riche qu’un passage par une vidéo, si vivante apparaisse-t-elle. Et puis, reste cette vieille notion de politesse qui, quoi qu’en pensent certains, appartient aux nécessités et à la richesse de notre civilisation.

Ainsi des échanges personnalisés, riches et prometteurs ont pu se distribuer entre nous, dans une ambiance de compréhension, d’écoute, non sans laisser transparaître nos qualités d’humains, préoccupés de la vie d’une enfant, les dossiers ne venant qu’en appui des convictions et des impératifs.

Nous avons senti la profonde préoccupation de notre ambassadeur, et nous savons qu’il va mettre en œuvre les différents moyens à sa disposition. Nous disons bien notre ambassadeur avec une nuance de respect. Et nous disons notre équipe. Ils ont vu, ils savent de première main que nous disons la vérité sur la corruption de Khabarovsk.

Cet adjectif notre, dit possessif, pourrait paraître autant prétentieux que dévalué. Nous l’employons ici dans son aspect le plus valorisant, par ce qu’il présente de communauté de pensée, d’appartenance à un bien qui nous dépasse et nous unit : la vie de Christina. Il reste encore des hommes par qui la République s’élève tout en devenant nôtre.

Mieux vaudrait oublier, si cela était possible, que nous savons – malheureusement – distinguer les vrais hommes, les hommes de terrain, des gratte-papiers à la petite semaine. Disons que les proportions ne sont pas les bonnes, quelles que soient les affaires à traiter. Certes, celle de Christina est grave. Mais elle n’est pas la seule, et c’est ainsi qu’une société perd ses repères, ses certitudes, et ses bases.

Nous subissons un monde qui multiplie les prétendus « sachants » jouant aux mandarins auto-déifiés face aux hommes de terrain, dont l’intelligence est plus réelle, plus active, plus riche. Je n’use pas de l’opposition stérile entre action et pensée ; je me réfère au dommage profond qui résulte de la confusion entre « pensée flottante », et « système action-pensée » par lequel les grandes civilisations se nourrissent. Relire Aristophane et Les Nuées. Rien n’a changé. Dans notre métier, Barbara et moi avons toujours compris et défendu ces derniers contre les pseudo-élites, tout en essayant, autant que possible, de tenir des discours différents, adaptés à la spécificité de chacun, car les contradictions existent, même, et surtout dans le système « action-pensée ». C’est ainsi que Créon et Antigone, ont raison d’avoir leurs raisons et de les mettre en action. Cela n’est pas un programme de lutte des classes, mais de vie réelle. Un petit pas vers le terrain changerait tout, même venant d’un bureau. Un petit pas, mais un vrai, pas une séance de poignées de mains. Encore que, par les temps qui courent, la non-apparition de l’un pourrait bien s’accompagner de la disparition de l’autre.

Pour Christina, un grand merci à notre équipe et à notre ambassadeur.

Commentaire (2)

  • Knopp A.| 12 mars 2020

    La persévérance finit toujours par porter ses fruits. Il faut continuer d’y croire, mais faudrait quand même que ça aille vite…. je ne sais vraiment plus quoi dire, juste souhaiter que votre demande aboutisse , enfin ! Vous le méritez vraiment et surtout Christina.

    • PIERRE| 12 mars 2020

      Nous espérons, mais chaque jour qui passe est un épisode de plus de lavage de cerveau pour Christina. Même si nous l’avons, ce sera dur. Les assassins d’enfants, par voie physique ou mentale, sont les pires lâches de la sous-humanité. Et dans ce cas, leur complice attitré, l’amant français aussi. Si vraiment, comme il nous l’a dit, il veut améliorer le sort de l’enfant, pourquoi reste-t-il muet ? L’argent ? Ou… ?

      Merci Annick

      Pierre et Barbara

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